L’AMOUR FOU
concert orchestre
Place de l’Eglise
Carnac (centre bourg)
jeudi 4 septembre | 21H
Dmytro Voronov, baryton
Orchestre du Festival
Clément Mao – Takacs, direction
PROGRAMME
WOLFGANG AMADEUS MOZART
• Recitativo « Hai già vinta la causa? » + Aria « Vedrò, mentr’io sospiro » (Il Conte) < Le Nozze di Figaro
• Aria « Fin ch’han del vino » (Don Giovanni) < Don Giovanni
ZENOVIY LYSKO
« Il y a longtemps, lorsque j’étais chez mon père… »
KYRYLO STETSENKO
« J’écoute le Printemps »
ANATOLIY KOS-ANATOLSKIY
« Ô ma chérie, toi qui as un cœur de noisette… »
GEORGES BIZET
Carmen
• Prélude
• Air « Votre toast, je peux vous le rendre » (Escamillo) < Carmen
LUDWIG VAN BEETHOVEN
Symphonie n°2
• Adagio molto – Allegro con brio
• Larghetto
• (Scherzo) Allegro
• (Finale) Allegro molto
Aimer comme un fou : cela peut faire rêver. L’amour peut nous griser comme un champagne exquis qui pétille et fait bondir notre cœur, nous emporte, nous donne des ailes, nous allège et nous élève. Tant pis si cela paraît une folie aux yeux des autres : au moins, nous aurons bu à la coupe de la vie ce qu’elle peut nous offrir de meilleur, de plus délicieux et de plus absolu.
Mais gare ! L’amour peut devenir rapidement un piège infernal, s’il se dévoie. Devenu possession folle, folie du contrôle, jalousie maladive, théâtre de l’envie, lieu d’une revanche : il empoisonnera alors celui ou celle qui s’est égaré sur les chemins d’une construction imaginaire qui n’a plus prise avec la réalité, ou qui prend chaque chose pour justifier son délire.
Amour fou peut aussi être amour fat – amour vain de lui-même épris, narcissique, obtus, gonflé de vide au lieu de se remplir et de se compléter grâce à l’Autre. Amour qui deviendra vite fatal, car il exclut tout sauf lui-même, et n’est qu’un amour de soi mal placé, masquant des manques et une incapacité à se lire et à se dire autrement que dans une parole emphatique.
Il y a aussi cet amour infatigable qui épuise les un•e•s après les autres, collectionne, avance à toute vitesse vers une fin tragique, presto possibile : il n’y a même plus le temps d’articuler les mots, le rythme est infernal, on abrège, on coupe, on élide et on élude, avant le grand saut dans le ravin. Mais ce peut-être aussi l’excès d’amour éperdu pour un petit chemin de terre qui mène au pays natal, amour de la patrie chevillé au corps, au point de souffrir dans sa chair lorsqu’elle est en danger ou attaquée, au point de donner sa vie pour elle…
Et que dire d’un amour foufou qui renaîtrait à chaque printemps, qui serait force vitale, pure énergie, courage et force d’âme, et s’opposerait à la tiédeur, aux lâchetés et aux lâchages, aux mesquineries, aux reniements et à tout ce qui relève d’un manque d’éthique ?
Ce qui est fou, dans l’amour, c’est sa faculté de suspendre le cours du Temps, d’isoler deux êtres dans une bulle, et de leur offrir ce privilège insigne : voir et accepter les faiblesses et les défauts de l’Autre, en même temps que la part bonne – celle que nous (re)nions quotidiennement.
Ah ! Amour fou, tu nous aiguilles et nous déboussoles, nous orientes et bouleverses nos repères, nous rends immortels et conscients de notre finitude. Car l’amour est toujours mouvement – ne le représente-t-on pas d’ailleurs avec des ailes, et armé de flèches rapides et sûres ? – et c’est lui qui a toujours le dernier mot, lui, l’« Amour, qui meut le soleil et les autres étoiles ».