QUELQUE PART DANS L’INACHEVÉ
concert orchestre
Place de l’Eglise
Carnac (centre bourg)
vendredi 5 septembre | 21H
Orchestre du Festival
Clément Mao – Takacs, direction
PROGRAMME
JOHANN STRAUSS
Ouverture < Die Fledermaus
PÁL HERMANN
Suite pour orchestre
GUSTAV MAHLER
Andante < Sixième Symphonie
ROBERT DAUBER
Sérénade
JACQUES OFFENBACH
Barcarolle < Les Contes d’Hoffmann
Galop Infernal < Orphée aux Enfers
DARIUS MILHAUD
Lamentation
DMITRI CHOSTAKOVITCH
Suite
Pourquoi faudrait-il [en] terminer ? Et si l’inachèvement était promesse de vie ? Parfois une œuvre, même terminée, nous semble incomplète, appeler une conclusion ; à l’inverse, pour certaines pièces restées à l’état de fragments ou d’esquisses, on ignore ce que le compositeur en aurait fait, mais elles fonctionnent et existent.
Pourquoi ne réussit-on pas à achever une œuvre ? Parfois simplement parce que le compositeur n’a plus eu envie ou désir ou énergie de poursuivre sa tâche. D’autre fois, c’est la mort qui arrête le processus créatif. Il arrive aussi que ce soient des circonstances historiques : un manuscrit ou une partie de manuscrit disparaît dans la hâte d’un exil, dans la violence d’une perquisition, au cours d’une succession…
Pourquoi, d’ailleurs considérer une œuvre comme achevée ? À quel moment une toile, une partition, une sculpture peuvent être dites « terminées » ? En art, on parle du « non-finito » pour ces œuvres qui demeurent comme suspendues pour toujours entre achèvement et inachèvement.
Pourquoi ne pas se donner la possibilité de croire qu’on peut, encore et toujours, et qu’il suffit d’un geste, parfois d’un mot pour changer le cours d’une histoire heureuse ou malheureuse ? Rien n’est jamais achevé, et c’est notre responsabilité de détruire ou de construire ce qui nous détruit et nous construit.
Pourquoi ne pas accepter qu’un mouvement de symphonie, qu’une ouverture d’opérette, que des extraits d’œuvres, qu’une suite de morceaux puissent faire sens par eux-mêmes, une fois retranchés de la totalité à laquelle ils appartiennent ? Si l’on aime aujourd’hui donner en concert l’intégralité et les versions plus que complètes d’une œuvre, (jusqu’en intégrant des pièces écartées par le compositeur lui-même !), il y a moins d’un siècle, on pratiquait volontiers le concert-mosaïque, mêlant extraits d’œuvres, genres, selon les moyens et les inspirations du bord, sans même se soucier d’un thème les reliant – sauf la présence d’un•e interprète faisant dénominateur commun.
Pourquoi alors ne pas se dire que ce qui nous est donné à entendre dans un concert, c’est-à-dire ce que préparent les musiciens n’est qu’une partie dont l’achèvement, voire le parachèvement réclame la présence et l’attention du public ?
Pourquoi ne pas laisser la maison grande ouverte, et accueillir [ce] qui vient ? Ne clôturons pas, ne cloisonnons pas, ne nous fermons pas : tout est possible, l’encre sèche à peine, et cette dernière note qui vient de s’éteindre était-elle la vraiment la dernière, puisque nous écoutons encore sa résonance profonde en nous…