TOI MON ÂME TOI MON CŒUR

récital piano

ÉGLISE SAINT CORNÉLY
Place de l’Eglise
Carnac (centre bourg)

mercredi 3 septembre | 19H

Dimitri Malignan, piano

PROGRAMME

ROBERT SCHUMANN
Widmung < Myrthen op. 25 n°1
Sonntags am Rhein de l’opus 36
[ arrangement pour piano solo de Clara Wieck–Schumann ]

ROBERT SCHUMANN
Bunte Blätter, op. 99
• Albumblätter I (Ziemlich langsam)
• Albumblätter II (Schnell)
• Albumblätter III (Ziemlich langsam, sehr gesangvoll)
• Albumblätter IV (Sehr langsam)
• Albumblätter V (Langsam)

CLARA WIECK-SCHUMANN
Variation sur un thème de Schumann, op. 20

ROBERT SCHUMANN
Faschingsschwank aus Wien, op. 26
• Allegro (Sehr Lebhaft)
• Romanze (Ziemlich Langsam)
• Scherzino
• Intermezzo (Mit Größter Energie)
• Finale (Höchst Lebhaft)

Un récital de piano ro-man-ti-que. Oui, tu sais, le Ro-man-tis-me, ce mouvement artistique où le Moi s’hypertrophie, s’observe, se met au premier plan. Mais pas que. Parfois, c’est un mouvement qui s’écrit à deux, comme dans le cas d’école du couple Robert Schumann et Clara Wieck.

Deux forces de la nature artistique : l’un a presque détruit ses doigts à force d’exercices bizarres et a raté sa carrière d’interprète, trouvant un exutoire dans la composition ; l’autre est l’une des plus grandes pianistes solistes de son temps, mais va peu à peu abolir son don pour la composition pour laisser toute la place à son compositeur de mari. Des vases communicants, des êtres qui se complètent – qui s’opposent aussi, avec tout un lot de frustrations sans doute, de part et d’autre.

Mais, encore une fois, c’est ce qu’il y a entre eux qui est intéressant, ce qui va et vient de l’un à l’autre. Je t’écris, tu me réponds : tout ici est correspondance. J’invente un thème musical, et j’y glisse deux signatures en notes comme on borde un linge nuptial : tu t’en empares à ton tour, et voilà que tu varies cela, ah ! comme une extraordinaire tapisserie enrichie de tout ce que t’inspire notre amour.

« Dû bist mîn, ich bin dîn » : tu es mienne, je suis tien / tu es [à] moi, je suis [à] toi». Nous tenons un journal à quatre mains, nous écrivons des musiques qui s’enlacent et s’entrelacent étroitement. Robert, Clara, Clara, Robert : call me by your name, donne-moi ta force et accepte mes faiblesses. Notre époque dira « c’est malaisant et toxique », et elle n’aura pas tout à fait tort ; mais il y a aussi quelque chose de beau et de juste dans cette collaboration, cette façon d’être ensemble, cette volonté de former couple et unité.

Ah, ces deux-là ! Comme ils savent manier l’ironie pour masquer l’émotion, tout en étant capables d’aller au-delà de toute pudeur en écrivant des pages, parfois juste quelques mesures où l’âme, et peut-être aussi les corps, sont à nu. Être nu, être à nu, ne faire plus qu’un : qui pourra dire lequel des deux inspire le plus l’autre ? C’est un dialogue sans fin, non sans heurts, mais sans véritable cessation – qui continuera d’ailleurs même après la mort de Robert.

À eux deux, ils nous offrent un tableau saisissant de ce qu’a pu être le Romantisme, des trajectoires à la fois domestiques et tragiques aux parcours chaotiques, des vies de bénédictins centrées autour de l’Art tout en étant pleinement au monde, et une façon d’exister là où tant d’êtres se contentent seulement de vivre.