PRÉNOM CARMEN (musique)
concert orchestre
Place de l’Eglise
Carnac (centre bourg)
vendredi 5 septembre | 19H
Marie-Laure Garnier, soprano
Marianne Seleskovitch, soprano
Orchestre et Chœur du Festival
Clément Mao – Takacs, direction
PROGRAMME
GEORGES BIZET
Carmen (extraits choisis et assemblés)
Carmen ??? En cette année d’anniversaire Bizet ??? Sans mise en scène ??? Mais Carmen, cela fera bientôt un siècle et demi qu’on nous la sert à toutes les sauces !!!! Il y a même une « salade Carmen », des « côtelettes Carmen » inventées par Escoffier !!! – ce qui est logique, après tout, puisque les première représentations furent ce qu’on appelle « un four », et voilà Carmen qui finit dans une arrière-cuisine…
Encore Carmen ? Toujours Carmen !
Oui, Carmen, maintenant et à jamais. Parce qu’on ne se lasse pas de l’entendre. Parce que c’est une œuvre qui parle immédiatement à tout le monde, à ceux/celles qui découvrent l’opéra pour la première fois comme aux mélomaniaques patenté•e•s. Parce que c’est l’un des opéras les plus parfaits du répertoire. Sa puissance tragique, sa modernité dans les rapports humains, son orchestration à la fois légère et rutilante admirée par Mahler qui s’en inspira à plusieurs reprises, sa façon de brasser le savant et le populaire, sa conception formelle, qui lorgne déjà (dernière scène) sur le montage cinématographique, son efficacité, et surtout : sa justesse.
Avec Carmen, Bizet frappe fort et juste, droit au but, en plein cœur – en plein dans nos cœurs. Pourtant, rien de mièvre ici : on ne pourra pas taxer Bizet de sentimentalisme, ni d’ailleurs de sécheresse. Tout ici est signifiant, signe, expression : le moindre mot, la moindre nuance dit quelque chose, et si l’on peut (et l’on doit absolument) se fier ici au premier degré, les niveaux d’interprétation sont vertigineux. Livret et musique forment un tout d’une essentialité et d’une richesse sans pareilles qu’il faut scruter attentivement.
Alors pourquoi faire entendre des extraits de Carmen ? Est-ce mutiler un chef-d’œuvre ? Non. C’est simplement une façon de souligner les interstices, les détails, les dissonances ; c’est une façon de changer de focale en proposant un zoom ou un plan large, d’aller-et-venir dans la pièce pour souligner des parentés. C’est une façon de nous et de vous obliger à ne pas jouer et à ne pas écouter Carmen comme si c’était un tube de la musique classique, pour mieux nous rafraîchir les oreilles.
Et puis, que faites-vous du plaisir ? Carmen, c’est, malgré une certaine noirceur – celle du soleil noir de Midi cher à Camus – un bonheur pour les musiciens comme pour le public. Attention : ce n’est pas si facile ! Pour interpréter Carmen, il faut beaucoup d’exigence, de patience, de rigueur ; il faut éviter les effets et la vulgarité, mais sans trahir le caractère populaire, et la puissance du dispositif tragique. Mais à la fin, quelle fête, mes ami•e•s !
Couplé avec la lecture donnée le même jour à 17h, ce Prénom Carmen promet d’être un des grands moments de (re)découverte du festival !